Chronique de Violette Girard-Saussez | Plaisirs coupables de l’opéra

Le plaisir de profiter des plaisirs coupables de l’opéra

C’est au Centre culturel de l’UdeS, plein à craquer, que je me suis adonnée aux plaisirs coupables de l’opéra portée par les airs de l’Orchestre symphonique de Sherbrooke. Dès les premières notes de l’Ouverture, tirée du Barbier de Séville, j’ai ressenti l’intensité que Stéphane Laforest, le maestro de l’orchestre, voulait insuffler à ce spectacle. La voix de Keven Geddes donnait une joie de vivre à Una furtiva lagrima, tiré de L’Élixir d’amour. L’intensité d’un moment de nostalgie trouvait en la voix de Lyne Fortin un exutoire salutaire sur la pièce O mio babbino caro, tiré de Gianni Schicchi.  Le baryton Hugo Laporte portait le désir d’un père souhaitant voir son fils reprendre une vie bien rangée dans la pièce Di provenza il mar, il suol.

Amours contrariées, complots pour faire avorter les passions naissantes, l’opéra nous plonge dans les sentiments les plus profonds de la vie. « L’opéra, c’est la vie! », s’est d’ailleurs exclamé Maestro Stéphane Laforest lors d’une entrevue qu’il m’a octroyée au terme du spectacle. Pour moi, l’apogée du spectacle fut atteinte durant les deux dernières pièces de la première partie. Tout d’abord, Lyne Fortin a fait surgir de sa gorge l’oiseau rebelle symbolisant l’essence de l’amour pour Carmen dans la pièce Habanera. La salle se lève, transportée par cette voix cristalline. Ensuite, Hugo Laporte, sourire aux lèvres, incarne un Figaro goguenard. La salle chancelle sous le flot des Figaro, Figaro, Figaro et se lève pour célébrer ce moment d’une rare intensité.

Un petit intermède me permet de me remettre de mes émotions. Les voix des chanteurs sont comme des échos dans ma tête. Comme avec le parfum d’une fleur. Je me gâte sans me sentir coupable! En plus, les voix et l’orchestre sont comme le lait et le biscuit, il sont faits pour être ensemble. J’en suis comblée.

La deuxième partie débute par une pièce musicale tirée de la Force du destinL’orchestre est en maîtrise parfaite. L’Air des bijoux porté par la voix toujours aussi cristalline de Lyne Fortin me fait sourire. Ainsi, ce fameux « Ah ! Je ris de me voir si belle en ce miroir » que reprend la Castafiore dans les aventures de Tintin est tiré de l’opéra Faust de Gounod! Hugo Laporte enchaîne avec un Toréador d’anthologie, littéralement la salle devient une arène et le public entonne le refrain Toréador, en garde. Toréador, Toréador, emporté par la fougue d’un Escamillo au sommet de son art. La joie se lit sur les visages des artistes et elle est contagieuse. Je me sens comme dans un rêve. Encore ce plaisir, sans me sentir coupable ! Lyne Fortin entame Meine Lippen, Sie küssen so heiss extrait de Giuditta. La chaleur de sa voix ouvre grande l’image du désir brûlant les lèvres! Keven Geddes offre un bonbon savoureux qui goûte la justesse vocale avec je t’ai donné mon cœur tiré de l’opéra Le pays du sourire. Les quatre dernières pièces du spectacle nous offrent alors de chaleureux  duos et un trio. Lyne Fortin offre, avec une belle complicité, la réplique à Hugo Laporte dans Là ci darem la mano extrait de Don Giovanni.  Lyne Fortin enchaîne ensuite en une sublime Violetta (non, non, je vous assure, je n’y suis pour rien !) avec Keven Geddes dans la peau d’un Alfredo suave auquel elle se refuse sur une pièce de La Traviata!

J’ai assisté à la fin du spectacle depuis les coulisses. En effet,  je suis invitée à remettre un bouquet de fleurs aux artistes. Je monte à mon tour sur scène, un bouquet de fleurs dans les bras. Wouah, c’est impressionnant marcher sur la scène avec ces 1500 personnes applaudissant. Observant la salle se vider, je me sens privilégiée d’avoir pu vivre cette expérience pas comme les autres. En effet, cher lecteur, chère lectrice, j’ai eu la chance de vivre ce spectacle de l’intérieur, depuis la générale du matin en passant par une rencontre avec les chanteurs, pour terminer par une entrevue avec le flamboyant Maestro Stéphane Laforest au terme du spectacle. De cette façon, j’ai pu mieux comprendre, pourquoi la pièce s’intitule les plaisirs coupables de l’opéra. Pour les professionnels, jouer des pièces très connues peut sembler trivial. C’est pour cette raison que le spectacle s’intitule les plaisirs coupables de l’opéra. Pourtant, au plan technique, elles continuent à poser de redoutables défis aux artistes et surtout, elles ont le don de faire en sorte que le public se sente en territoire connu. Il les connaît ces tounes! Pour les autres et peut-être pour des plus jeunes, les stéréotypes peuvent les conduire à se sentir coupable d’aimer l’opéra. Ça ne fait peut-être pas très moderne ! Pourtant, l’opéra c’est comme du théâtre avec un orchestre et le chant en plus. Ce sont des émotions rendues par le mariage de la voix et de la musique. Peut-être cher lecteur et chère lectrice qu’il serait possible de faire goûter ces plaisirs à plus de monde. Ainsi, en discutant avec Maestro Stéphane Laforest, je me suis dit qu’il serait bien que les jeunes de Sherbrooke puissent se sentir aussi privilégiés que moi à être invités à goûter à de tels plaisirs. Je rêve alors pour les jeunes de la ville de Sherbrooke d’un spectacle d’opéra composé simplement de quelques pièces avec des chanteurs costumés et surtout, la possibilité de rencontrer, avant le spectacle, les artistes qui raconteraient leurs personnages et leur passion et qui partageraient les intenses émotions que nous vivons aussi dans notre vie quotidienne.  C’est l’expérience que j’ai faite aujourd’hui et que je partage avec toi cher lecteur, chère lectrice. Mais, j’espère que tu pourras un jour vraiment éprouver les plaisirs coupables de l’opéra!

Violette Girard-Saussez, élève en chant à Pianissimo

 

 

Un commentaire sur “Chronique de Violette Girard-Saussez | Plaisirs coupables de l’opéra

  1. Violette Girard-Sausez says:

    Mes salutations ! Je vous félicite pour ce site internet ! Les textes nous emportes dans des univers impressionnants ! Les images sont incroyables et sa me plait sincèrement. Merci encore de m’avoir laisser vivre une experience pareille !

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